Les aventures de Plumebleue

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Quand la tête nous quitte

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Hier soir, je reçois un SMS de la responsable des appartements protégés où habite ma personne concernée: elle vient de faillir mettre le feu à sa cuisine! Mme a mis au four quelque chose dans un Tupper. S'apercevant de quelque chose d'anormal, elle l'a pris et mis sur une plaque.
Il semblerait qu'elle ne soit pas blessée, ouf! Dégâts matériels, j'ai l'impression qu'il faut vraiment que je lui fasse une RC, ce qu'elle n'a pas :( Ce qui m'inquiète davantage, c'est l'avancement de sa démence.
J'irai la voir cet après-midi.
Dans chaque vieux il y a un jeune qui se demande ce qui s'est passé (Groucho Marx)

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Gloups...
Pas de RC ? ce n'était pas obligatoire pour entrer dans cet appartement protégé ? 
 N2 n'a pas eu de boîte plastic genre Tupperware pendant plusieurs années.  J'avais bien trop soucis qu'il arrive ce genre d'incident. Il a des bols qui passent au four ;) lui, c'était des oublis, car il ne voyait pas ce qui il y avait dans le four... 
Son four a une minuterie? une lampe qui s'allume ? ça aide bien, tu sais... Ce n'est pas forcément une agravation de sa démence, mais des pertes de la mémoire de travail. C'est embêtant !  Ce serait peut-être plus sage qu'elle n'aie qu'une bouilloire pour se faire du thé ou du café ? Et le reste des repas, elle les reçoit ou se rends à la salle à manger... Se faire à manger est un grand défi dans l'âge avancé.
 Mon père avait passé dans les journaux, pour avoir déclenché une grande alarme incendie... il avait  oublié un saucisson mis à cuire et était sorti promener son chien. Pourtant mon père ne souffrait pas de démence. 
Gardez la malicieuse jeunesse qui court les yeux émerveillés au-devant du monde et qui de tout, de la fleur comme du jardin, d’une miette comme de tout le festin, de peu, de rien, comme de beaucoup, tire la même joie. »

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Tu as raison, elle perd non seulement la mémoire des mots (elle ne sait plus nommer les choses, donc pour évoquer quelque chose c'est galère) mais je crois qu'elle perd aussi ce que tu appelles la mémoire de travail.
Je crois que j'ai compris ce qui s'est passé. La semaine dernière, elle a fichu en l'air son four à micro-ondes. Cela je ne sais pas comment, sans doute qu'elle a dû y mettre du métal ou un matériau inadéquat. Je l'ai trouvé tout cramé sur son balcon! Du coup, elle ne savait plus où ranger le couvercle en plastique qu'on utilise pour mettre sur les aliments qu'on réchauffe qu'elle avait l'habitude de ranger dans le-dit four. Four = four, elle l'a mis dans le four électrique! Par contre, pourquoi elle a allumé le four, cela reste un mystère.
J'ai enlevé les boutons de la cuisinière. Elle a une bouilloire électrique pour se faire ses cafés et n'a pas du tout besoin d'utiliser une cuisinière.
Au niveau dégâts, c'est un corps de chauffe amovible à changer et éventuellement la plaque si on n'arrive pas à la nettoyer.
J'irai lui acheter un four à micro-ondes car de cela elle a besoin pour pouvoir réchauffer sa soupe le soir (elle reçoit de la soupe à midi qu'elle garde pour le soir).
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Mazette ! Tu n'es pas sortie de l'auberge comme on dit !!!
Qui s'en occupe pendant tes vacances à l'étranger ? Parce que ce genre de chose peut très bien se reproduire... ou d'autres tout aussi problématiques, une chute, une blessure, mettre du métal ou de l'alu dans le micro-onde...  elle ne peut pas prendre ses repas du soir quelque part ? 

 
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J'ai acheté un nouveau four à micro-ondes, un couvercle en plastique, du petit matériel pour bricoler un tablard que j'avais à la cave et qui servira de support pour installer le four au-dessus de la cuisinière.
J'ai pu ravoir la plaque presque à 100% avec un grattoir et de la paille de fer pour inox et vérifié qu'elle fonctionne. Pas de problème.
Je lui ai donné des consignes strictes quant à savoir ce qui va dedans le four et je crois que cet épisode lui a fait assez peur pour qu'elle fasse attention.
J'ai pu vérifier qu'elle arrive encore à aller chercher de l'argent au bancomat elle-même, ce qu'elle fait quand elle va faire des courses dans un centre commercial avec un groupe de l'institution.

D'autre part j'ai pu tester aussi la non-aide de certains médecins! L'ergothérapeute ayant besoin d'un médecin pour signer un bon pour pouvoir aménager sa douche, l'ancien médecin a décliné en disant "non, le dossier est bouclé" et le nouveau "il ne connaît pas la patiente, c'est à l'ancien de faire". J'ai bien failli péter un câble et j'ai quand même fini par m'arranger avec la nouvelle secrétaire médicale très gentille pour avancer un rendez-vous qui était déjà fixé en septembre. Mais c'est beaucoup de temps à perdre pour toutes ces démarches. L'état devrait savoir mieux l'ampleur que demande cette tâche aux curateurs.
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Je me marre... imagine ce que d'est quand tu changes d'assistant TOUS  LES 6 MOIS !!! Et que les assistants en question partent dans un autre service, en Suisse au mieux, ou à l'étranger la plus part du temps... et que tu dois demander une changement de médication des neuroleptiques, une signature rétroactive, un bon de physio....  J'ajoute que la plus part du temps on nous refuse l'information du lieux d'activité du dit assistant...le lâcher prise à tout son sens là !!! cela ne veut pas dire que tu t'en fiches mais tu continues à faire une tâche après l'autre  avec persévérance. C'est une qualité que nous développons tous les jours ;) et quand on a l'habitude d'obtenir habituellement rapidement réponse à nos demandes, il faut beaucoup endurer   
Cela demande un bel engagement et pas mal de motivation, n'est-ce pas ;) 
Imaginer ce que nous vivons avec n°2 est une chose, l'expérimenter en est une autre...
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Moi aussi, je fais les choses une après l'autre, sans le stress que je pouvais avoir du temps de ma vie active ;). C'est aussi dû à l'avantage d'être seul maître à bord, je ne dois en référer à aucun collègue ou supérieur.

J'imagine ce que vous pouvez vivre avec la curatelle de no 2 et je sais que c'est à des lieues de ce que je vis avec la madame dont je m'occupe. Et c'est vrai qu'une telle curatelle, à choisir, c'est non!
Vous, vous n'avez pas eu le choix
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Tu ne disais pas être stressée quand tu travaillais... bien au contraire,  tu masterisais  :sourire:très bien, tu trouvais que tu étais assez zen dans ton travail. Mais peut-être que dans tes débuts professionnels c'était plus stressant (?) et cela t'as certainement marqué ;)
 Je trouve que tu t'en sors vraiment bien avec ta pupille. Tu fais ce qui doit être fait en temps et en heure, tu restes attentive aux détails (de ceux qui peuvent bien pourrir la vie). Crois moi, un autre curateur aurais trouvé que la coupe est pleine et hop en EMS !!! C'est ne pas compter avec un temps d'adaptation... des malheurs, il y en aura encore.. Que je n'espère pas plus graves, mais tu sauras faire face tu as beaucoup plus de ressources que nous avec ton background professionnel, tu peux t'appuyer dessus.  Nous nous devons souvent faire preuve de créativité pour résoudre les problèmes  de n°2 ;)
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 Le choix on l'a toujours. On peut sans problème demander à être déchargé de cette curatelle sous seing privé. Mais voilà être parents implique un certain nombre de choses. Il n'est pas dit que nous ne demandions rien dans quelques années... avec le risque de tomber bien mal... tous les curateurs ne sont pas à la hauteur crois moi !  Nous avons entendu des témoignages qui font froid dans le dos et des parents très désemparés devant l'incurie de certains.. :( et ce n'est pas cette dame qui dira le contraire:
http://www.20min.ch/ro/news/vaud/story/29217366
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Quand je disais que vous n'aviez pas le choix, c'est justement parce que vous êtes les parents ;) J'ai tellement vu cela durant toute ma vie professionnelle!

Il est vrai que mon expérience m'aide et surtout me permet de voir les choses avec d'autres yeux qu'un curateur qui n'a pas l'expérience du social, cela m'aide aussi dans mes contacts avec les réseaux de soins.
Par contre, cela ne m'économise pas la créativité, et heureusement! C'est souvent à elle que j'ai fait appel déjà au travail ;)

Au final, tu sais, je pense que nos diverses expériences se valent sans conteste et qu'on a toutes les deux une longueur d'avance par rapport à des curateurs nommés alors qu'ils n'en ont rien à cirer.

Pour ma part, si j'ai accepté d'être curatrice c'est une manière de service civil, de participer à la société dans laquelle je vis et de laquelle je tire aussi tant d'avantages et de plaisir à vivre. Je ne le fais pas que pour m'occuper et j'accepte aussi que parfois cela ne soit pas simple.

Par rapport au stress, c'est vrai que j'étais moins stressée en fin de carrière qu'au début, on a sans doute moins de choses à prouver et on a pas peur de se faire jeter. N'empêche, il y avait toujours parfois des moments plus tendus que d'autres, des situations qui nous poursuivent, etc. Mais c'est normal.
Maintenant, bien sûr, je dois rendre des comptes, à l'assesseur, à la Justice de Paix, mais j'ai une bonne liberté d'action et pas un regard jugeant sur ce que je fais. Et ça c'est appréciable ;)
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Je connaissais l'histoire que ton lien retrace, un vrai scandale! Sans doute que le mec a pensé faire les choses au plus près de sa conscience mais il a certainement fait fi de toute la dimension humaine et il n'a pas dû prendre le temps de faire réellement connaissance de la personne, il a été incapable de s'imaginer la vie qu'a eue cette personne, il a été incapable de la moindre empathie.
Il a fait tout, tout vite! Alors qu'il faut passer du temps avec ce genre de situation, il faut pouvoir comprendre que les gens ont des rythmes différents, qu'ils peuvent être ambivalents, dire un jour blanc et l'autre noir, etc, et faire avec. Lui, il n'a vu les choses qu'avec son point de vue à lui. En face, la dame était bien fragile....
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