Les aventures de Plumebleue

Les aventures de Plumebleue

Etre une guerrière ou une victime.

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Voici un article qui décrit finement ce que je pense depuis quelques temps. Tiré du Matin du 11.02.2018

Le psychanalyste romand Alain Valterio porte un regard à contre-courant sur les dénonciations de viols et de harcèlement qui se sont succédé ces derniers mois.

Lorsque Alain Valterio analyse l’affaire Weinstein et le flot de révélations et de dénonciations qui ont suivi, ça décape! Le psychanalyste, qui s’inscrit dans la tradition analytique lancée par le psychiatre thurgovien Carl Gustav Jung, travaille actuellement à la rédaction de «Le masculin à l’épreuve du féminin», son troisième livre à paraître chez Favre. Basé à Sion, ce père de deux grands enfants est aussi chroniqueur au magazine Coopération. Âgé de 65 ans, il a 30 ans d’expérience comme thérapeute.

LM: Que vous inspirent l’affaire Harvey Weinstein et ses suites?


AV: Je pense d’abord aux femmes croisées en consultation et ayant subi un viol. Pour certaines, il est douloureux de voir mis au même plan leur vécu et des abus bien moins graves. L’une d’entre elles me disait récemment: «Mais merde! On ne m’a pas mis la main aux fesses, ni séduite. On m’a arraché mes vêtements et pénétrée de force!»

Ces paroles décomplexées ne vont-elles pas dans le bon sens?

Elles n’avaient pas attendu «balance ton porc!» pour y aller, ce qui laisse d’ailleurs planer sur ce mouvement une part d’ombre. Je me souviens d’une femme ayant subi un viol dans les années 1950. Le procès de son violeur avait eu lieu au bistrot et il avait été condamné à payer la tournée générale! Aujourd’hui, la justice n’a plus aucune complaisance avec les violeurs, et c’est heureux, mais certains semblent avoir de la peine à admettre cet état de fait. Le même phénomène est patent en ce qui concerne la lutte contre l’homophobie où certains homosexuels peinent à reconnaître que leur situation s’est grandement améliorée. Tout le monde semble avoir envie de garder ses privilèges de victime. On a même vu de très jeunes femmes s’inventer un viol pour en bénéficier. Le pathos entourant la figure du bouc émissaire à notre époque y est probablement pour quelque chose.

Pour vous, il y aurait aussi une «part d’ombre» derrière certaines dénonciatrices...

Cette colère a posteriori de certaines femmes arrive un peu tard et semble cacher un autre mobile. Elle me fait penser à une adolescente qui a récemment neutralisé les adultes autour d’une table de bistrot en vociférant contre «ces porcs de mec» sans que personne ne se soit senti autorisé à la recadrer. On croit défendre le respect et on impose un silence, qui plus est, en utilisant des termes en manquant singulièrement! Même la voix du «fou du roi» n’a plus droit de cité sur ces thématiques. Une femme m’a récemment lâché en riant à propos de tout ça: «Suis- je donc moche à ce point que jamais personne ne m’a mis la main aux fesses?» Même Charlie Hebdo n’oserait assumer une telle ironie par les temps qui courent…

En caricaturant votre propos: une personne ayant subi des abus ne devrait donc pas à faire valoir son statut de victime ni en parler?
On ne saurait trop encourager une femme qui a été abusée à dénoncer. Une femme n’a pas à être touchée contre son gré, mais cette évidence ne doit pas faire de la femme une figure «intouchable». On est en droit d’attendre d’elle une posture de guerrière et non de victime. C’est d’ailleurs ce que me disait aussi une féministe, pour qui ce mouvement constituait une régression de la cause des femmes. Mais cette dame m’a aussi confié qu’elle n’osait pas le dire tout haut autour d’elle. J’ai discuté avec plusieurs autres femmes qui étaient d’avis que «ce grand déballage commence à bien faire» mais n’osaient le dire non plus. Le droit au respect ne nous met jamais à l’abri de situations où il fait défaut. Revendiquer le respect ne suffit pas. Il appartient à chacun de devenir une personne l’imposant. La colère de certaines femmes fait penser à celle de l’enfant roi mettant en accusation ses parents de ne pas l’avoir protégé de tout… La mission du psy est moins de défendre les plus faibles que de leur apprendre à se défendre en cernant mieux la vérité. En cela, il ne peut faire l’économie des questions qui dérangent…

Quelles sont ces questions ?

Celle de la culpabilité du bourreau qui n’exclut pas forcément la responsabilité de sa victime par exemple. Mais ici aussi on prend le risque d’être accusé de défendre la culture du viol. Cette part de responsabilité existe pourtant parfois bel et bien. Et une trop grande virulence dans la dénonciation peut parfois être le signe qu’on ne veut pas la reconnaître. Il se peut par exemple que la victime ait fait preuve d’un excès de naïveté, ce qui n’exclut pas qu’elle ait subi l’inadmissible. C’est au psychanalyste de l’aider à prendre conscience de cette part de responsabilité et de l’assumer, non pas dans le but d’inverser les responsabilités, mais pour mieux se défendre car être conscient des choses rend plus fort.

Pour vous, «balance ton porc» trahit aussi une désillusion face à l’amour…

Oui. La colère s’exprimant derrière ce phénomène n’est pas seulement liée aux maltraitances que les femmes ont parfois à subir mais aussi au fait que les gens attendent aujourd’hui beaucoup trop de l’amour. La vie amoureuse est envisagée comme la planche de salut de notre passage sur terre. Or le partenaire ne ressemble bien souvent en rien à l’idée fantasmée que l’on se fait de lui. J’ai vu plusieurs fois des jeunes filles revenir tellement déçues d’un premier rapport sexuel ayant eu lieu lors d’une soirée trop arrosée qu’elles l’avaient ressenti a posteriori comme un abus.

Tout cela n’aurait donc rien à voir avec une culture machiste?

Le harcèlement est en recrudescence mais ce n’est pas lié à un supposé machisme niché dans le cerveau reptilien de l’homme. Il se nourrit plutôt de la recrudescence de l’incivilité. Les filles ne traitent pas mieux les garçons que l’inverse. Les femmes ne sont pas moins respectées que les hommes. Les enfants maltraitent plus souvent leurs parents que l’inverse. Cette incivilité trouve sa racine dans l’éducation telle qu’on la conçoit aujourd’hui, dans les permissions accordées de nos jours aux éduqués de maltraiter ceux qui sont chargés de leur éducation. C’est pourtant en les respectant qu’un enfant apprendra à se faire respecter.

Même la campagne «Quand je dis non, c’est non!» vous laisse sceptique. Pourquoi?

Cette campagne tend à faire de la femme une victime sanctifiée, elle nie le fait de sa propre ambivalence. Une femme peut accepter un rapport sexuel dans l’espoir d’aboutir à une relation plus durable ou de juguler une tension dans son couple. Une fois de plus, la déception qu’elle ressent parfois de ne pas avoir atteint son but ne fait pas pour autant de son partenaire un manipulateur ou un pervers narcissique. (Le Matin)


Gardez la malicieuse jeunesse qui court les yeux émerveillés au-devant du monde et qui de tout, de la fleur comme du jardin, d’une miette comme de tout le festin, de peu, de rien, comme de beaucoup, tire la même joie. »

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C'est bien d'avoir souligné ce texte. Je partage parfaitement cet avis. Etre une guerrière, c'est quand même plus gratifiant que de se complaire dans un état de victime  et on peut étendre cette vision des choses dans bien des domaines.
D'ailleurs ta vie reflète bien cela, non 
Dans chaque vieux il y a un jeune qui se demande ce qui s'est passé (Groucho Marx)

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Suis-je une guerrière ?    
Le statut de victime n'a jamais été un choix dans la durée. Je ne dis pas que je ne l'ai jamais été, mais une chose est certaine, je ne m'y complais pas du tout. Quand on est victime ce sont les autres qui décident pour toi.
 J'ai besoin, sans être une féministe pure et dure, d'avoir barre sur ma vie. De la choisir et non de la subir autant que faire se peut. 
Il y a eu des périodes courtes où je me suis dite, c'est injuste.
Mais qui a dit que la vie est juste ?!

J'aime bien l'idée du harcèlement de rue grandissant en rapport avec la recrudescence d'incivilités de toutes sortes. Pour moi cela à toujours été une évidence.  

Dans ma jeunesse j'ai été la cible de rares grossièreté de la part de certains garçons de la classe. J'étais la seule fille dans une classe de 16 garçons !    Certains actes seraient aujourd'hui lourdement condamnés comme agression sexuelles. Je ne me suis pourtant jamais considérée comme une victime dans cette situation. J'avais choisi d'aller contre l'avis des adultes qui m'entouraient, en choisissant la section technique dans mon cursus secondaire ( quand on a Marie Curie comme exemple, rien ne nous arrête   ) section  destinée principalement à des garçons en ce temps-là. Donc ce qui m'arrivait, était dans une certaine mesure, dans l'ordre des choses ! 
Par la suite, j'ai eu l'opportunité de montrer de quel bois je me chauffais:
Lors de notre voyage d'étude, nous étions en camps près d'une rivière. Excellente nageuse, monitrice de natation et gardienne de piscine à 16 ans ( on ne dirait pas, hein !!!), j'ai ramassé les costumes de bain des garçon qui avaient choisi d'aller se baigner nus dans la rivière et j' ai remonté le cours d'eau pour aller me dorer au soleil sur un gros rocher que j'avais un peu escaladé et j'ai laissé sur place le tas de costumes de bain. Les garçons, ados de 15-17 ans et venant de se baigner dans l'eau froide de la rivière n'ont pas mis longtemps à comprendre. Ils devait sortir de l'eau pour récupérer leur costumes de bain. Je vous laisse imaginer des ados poussés en graine, qui se mesuraient le zizi en classe ( entre autres grossièretés) et qui l'ont tout petit à cause de l'eau froide (pour ne pas dire bien froide) . Il y avait des profs... ils m'ont demandé de redescendre, ce que j'ai fait ;) mais les costumes eux, sont restés sur le rocher... le soir autour du feu, deux profs ont remis en place des garçons qui se plaignait de ma conduite.  Cela m'a suffit, je leur avait rendu la monnaie de leur pièce.
Il n'y a eu aucune suite dans ma vie amoureuse ! 
Gardez la malicieuse jeunesse qui court les yeux émerveillés au-devant du monde et qui de tout, de la fleur comme du jardin, d’une miette comme de tout le festin, de peu, de rien, comme de beaucoup, tire la même joie. »

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Moi aussi j'ai fait des études en scientifique et nous n'étions que 2 filles. Mais je dois dire que je n'ai pas souvenir de propos ou d'actes déplacés sur le plan sexuel. Je m'entendais bien avec tous ces petits hommes  Une fois, je ne me souviens plus exactement pourquoi, l'un d'eux ma dit ou fait quelque chose que je n'ai pas apprécié. Je lui ai retourné une bonne gifle, à tomber de sa chaise. Ok, la violence, c'est pas terrible. N'empêche, cela a été efficace! Tous ont compris que je savais me défendre.
J'ai aimé cette période où nous étions des individus, avant d'être des hommes ou des femmes avec des comportements genrés. Cela mettait une belle horizontalité dans les relations. Et c'est resté comme ça même jusqu'à aujourd'hui où nous nous revoyons tous les deux ans.
Dans chaque vieux il y a un jeune qui se demande ce qui s'est passé (Groucho Marx)

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Dans le livre " Le dragon du Muveran" de Voltenauer le passage qui m'irrite:



Ce cliché justificatif est  usé jusqu'à la corde. Il n'y a pas a avoir de compréhension pour les criminels. A un moment donné, tu sais que tu fais le bien ou le mal. Même très atteint dans une santé mentale fragile.
Infliger la mort est un acte ultime que rien ne justifie. 
Gardez la malicieuse jeunesse qui court les yeux émerveillés au-devant du monde et qui de tout, de la fleur comme du jardin, d’une miette comme de tout le festin, de peu, de rien, comme de beaucoup, tire la même joie. »

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