Ardennes belges
A la découverte des Ardennes belges ( Belgique août 2019)
dans l'Evangile selon Matthieu: «Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin».
Aller en Belgique pour y passer quelques jours de vacances, fait ouvrir de grand yeux à notre entourage. Mais que peut-il y avoir d'intéressant en Belgique, se demandent-ils tous ?!
Certes, ce n'est pas l'Italie et ses 60% du patrimoine mondial de l'Humanité, mais pour qui s'intéresse au patrimoine, aux paysages de campagne et à la culture ferroviaire, il y a de quoi s'aérer l'esprit. On le sait tous, il suffit de quitter ses 4 murs pour se ressourcer.
La Belgique est facilement accessible pour nous qui venons depuis la Suisse. Autoroutes gratuites et routes nationales desservent bien ce pays. Le Airbnb y a de belles locations et même de super hôtes ! Alors si votre budget est un peu juste, que vous avez des enfants, n'hésitez pas, ce sera une agréable parenthèse.
Nous avons logés en AIRBNB à Houyet. dans les Ardennes, au sud de la Belgique.
Nous avons fait deux étapes pour nous y rendre. La première à midi pour manger. On s'est arrêté dans les fauxbourgs d'une petite ville nommée Virton dans la campagne belge.
Ambiance un peu déprimante, plat du jour à 11€, délicieux et rapidement servi. (photo google street view)
Mais continuons, notre deuxième halte est l'objectif photographique du jour:
ORVAL, Monastère cistercien
encore en activité (bière et fromage, pain, vendu à la boutique monastique).
Des moines, des ruines et de la bière !
Notre dame (porte de l'entrée du monastère)
Notre dame est probablement une "vierge du bon secours", sorte de panneau indicatif d'un lieu sacré qui pratique l'hospitalité et qui est dédié à la Vierge.
Ce n'est, pour une fois, pas le nouveau monastère qui date de 1936, relevé dés 1926, mais les superbes ruines de l'ancien monastère qui nous attirent.
Fondé en 1070, Orval devient cistercien (Ordre de Cîteaux) en 1132. Détruite à la Révolution française, (au canon, la destruction !!!) l'Abbaye resurgit de ses ruines à partir de 1926, dans un style mêlant inspiration romane et art déco.
Aujourd'hui la communauté regroupe une douzaine de frères de plusieurs nationalités et quelques novices dans un monastère orgueilleux dans ses proportions et ses dimensions.
Au fond à gauche émergent les ruines. Cette vue aérienne dévoile très bien le nouveau monastère et son gigantisme.
La Vierge monumentale due à Oscar Jaspers du nouveau monastère, très proche de l'architecture fachiste est sculptée dans le pignon de la façade ouest de la nouvelle abbatiale.
crédit photo: http://mamailleurs.blogspot.com/2013/01/abbaye-dorval.html)
détail
crédit photo: http://mamailleurs.blogspot.com/2013/01/abbaye-dorval.html)
Nous ne sommes pas entré dans le nouveau monastère, c'est pourquoi j'illustre mon propos avec d'autre photos que les nôtres.
Entrée de l'abbatiale du XIIe s.
L'architecture cistercienne se particularise dans la sobriété des décors (portée à son plus haut niveau à Fontenay, en Côte d'Or). On fait au plus simple, plus d'abside ou de choeur monumental aux origines de l'ordre, un chevet plat (parfois octogonal) et des ouvertures qui permetent le flots de la lumière de l'est symbole de la résurection, la lumière jaillit de la nuit.
Entrons dans ce qui fût jadis l'abbatiale ou se pressaient de très nombreux moines, 20 convers, des frères lais et des novices… Simplicité et mesure de toutes choses, bien loin de l'arrogance des nouveaux bâtiments conventuels et de le monumentale statue. Les valeurs cisterciennes de simplicité, de silence, de tempérance, de beauté dans l'harmonie des proportions, l'absence de décor sont très proches des valeurs protestantes. Je m'y sens chez moi, y retrouve nos repères.
Vers le transept nord et la porte des morts
La Porte des Morts dans une église chrétienne désigne une porte située souvent dans le mur nord (le Nord étant le royaume de l'ombre, donc des morts). Cette porte donnait sur le cimetière attenant à l'église.
Mais passons cette porte des morts...
un tympan trilobé, et des pierres rouges dues aux incendies. La grande majorité des pierres jaunes sont des restaurations des XVI et XVIIe s. la pierre jaune dorée ou beige rosé, est la pierre qui a servi à la construction du nouveau monastère, une pierre calcaire locale.
Il y avait là un oratoire dédié à la prière pour les morts.
Dernier vestige de cette chapelle, le chevet plat, avec son unique fenêtre de haute époque, probablement du XIIIe s. donc peu après la construction de l'abbatiale.
Romantique à souhait.
Transept sud et porte menant au cloître.
Au premier plan, sous la touffe d'herbe, la voûte de pierre couverte qui servait de caisse de résonnance aux psalmodies des moines installés eux, juste en dessus, dans les stalles de bois entre les piliers. Moyen astucieux de faire porter le son sans echo jusque dans la profondeur de la nef, là où se tenaient convers et frères lais.
Quand vous visiterez une abbatiale, restez attentif à votre ressenti intérieur, aux détails sans importance, ils sont souvent là pour une raison bien précise.
L'endroit le plus "vibratoire" de ce monument n'est pas le cœur, corrompu par une tombe de roi, mais la Porte des morts surmontée de son oculus travaillé et de ses trois fenêtres, symbole de la lumière trinitaire.
La salle capitulaire et le cloître
Le cloître gothique du XIII a été complétement arraché.
La salle capitulaire sert actuellement de musée lapidaire.
Cette salle est facilement reconnaissable à ses grande baies ouvertes sur le cloître.
Cela permettait à ceux qui n'ont pas "voix au chapitre", d'entendre les commentaires de l'abbé sur la règle de St Benoît et d'être au courant des grandes décisions que prenait le chapitre des moines.
Novices et frères convers se tenaient dans le cloître couvert de voûtes en ogive.
Les frères lais, sorte d'ouvriers agricoles laïcs, n'y avaient pas droit.
La salle capitulaire - intérieur
Vue sur le cloître et le chœur en ruine de l'abbatiale
Sur le mur nord du cloître, se tient une vierge bien mystérieuse.
Je n'ai trouvé aucune information à son sujet.
C'est la toute première fois que je vois une la Vierge tenir son enfant d'une manière aussi peu protocolaire. Quand habituellement on voit le Christ assis lourdement sur son bras droit ou au creux de son bras gauche, ici, il adopte une position bien plus humaine et naturelle dans le couple mère-enfant. Regardez bien la position des pieds, il est légèrement plié en deux sur le bras de sa mère et nous montre un adorable petit derrière recouvert d'une tunique, le visage tourné vers le spectateur.
Je suis restée plus d'un quart d'heure assise sur un muret au soleil. Personne et il y avait des visiteurs, ne s'y est intéressé, le visiteur passait jetait un œil à la salle capitulaire et suivait ensuite le sens de la visite. Peut-être bien que cette statue de la Vierge nous dévoile silencieusement ce qu'est l'humilité,
portée à sa perfection.
Je mets volontairement fin aux images des ruines, il y a encore la forges le réfectoire et la bibliothèque, petit musée de la pharmacie et jardin des simples. D'autresbâtiments destinées aux convers.
Dans les abbayes bénédictines, cisterciennes, ou cartusiennes, on ne donne que très rarement la parole à ces derniers. Les frères convers sont des moines, mais pas de chœur. Ils se tiennent dans la nef séparé des moines de chœur par une grille ou un jubé en bois. Ils peuvent célébrer certains office sur leur lieux de travail, et ne sont pas astreint aux levés nocturnes. Ils ne savent que quelques rudiments de calculs et généralement pas lire, mais sont durs à l'ouvrage, font vœux de stabilité et d'obéissance (pas toujours de chasteté) et ne sont généralement pas soumis à la règle du silence. Ils travaillent sur le domaine de l'abbaye, ont un frère intendant un peu mieux instruit qui sera le lien direct avec le père abbé et le frère cellérier. La puissance de travail du corps des convers est vitale à l'abbaye, qui sans eux aurait bien du mal à assurer ses charges de protection, de soins, d'éducation, et de prière. Au Moyen-Âge, l'abbaye à tout d'un domaine seigneurial. Si chaque moine est pauvre individuellement, ce n'est généralement pas le cas de l'abbaye fort bien pourvue en terres agricoles ou en friche qu'il s'agira alors de rendre rentables d'une manière ou d'une autre. Moulins, rivières, sources, bois, sont autant de richesses que donnent les suzerains et les seigneurs, voir les rois et les empereurs en échange de prières les assurant d'un Paradis. Et de toute manière, il vaut mieux avoir Dieu avec soi que contre soi, c'est bien connu.
Pavages d'une des allées de l'hôtellerie menant logis abbatial
La légende d'Orval
Le monastère serait né d'un geste de gratitude :
la veuve Mathilde de Canossa, ayant par mégarde laissé tomber son anneau nuptial dans la fontaine de cette vallée, se mit à supplier Dieu, et aussitôt une truite apparut à la surface de l'eau,
portant en sa gueule le précieux anneau.
Mathilde de Canossa s'écria alors : " Vraiment, c'est ici un Val d'or ! ",
et elle décida par reconnaissance de fonder un monastère en ce lieu béni.
La fontaine Mathilde, la source d'eau pure du monastère.
Pour terminer cette halte très riche en émotions, l'emblème architectural de l'ancienne abbaye.
La suite de notre séjour se poursuit par la découverte du domaine de Han à une petite quinzaine de km. D'ailleurs, pour s'y rendre il faut emprunter des routes avec panneaux: Attention route dégradée. Dégradée est un euphémisme. Elles sont non seulement dégradées mais elles ont de fâcheux nids de poule qui de nuit nous auront surpris plus d'une fois. C'est tellement établis en Belgique que les assurance ont même pondu une page web pour informer leur clientèle de la marche à suivre en cas de dégâts à votre véhicule !!!
C'est dire ! Ces passages même secs sont un danger de dérapage dans les courbes !!!
photo tirée du site www.assurance.be
Mais revenons à notre domaine de Han.ans le Domaine des Grottes de Han, une immense réserve naturelle vous invite à découvrir les animaux qui peuplent( peuplaient) nos forêts
mais aussi les prédateurs qui nourrissent contes et légendes.
La réserve d'Animaux Sauvages au Domaine des Grottes de Han
L'envie d'embarquer ne se fait pas attendre...
On saute dans le camion safari pour un voyage au cœur de la nature.
Grâce aux commentaires en français et néerlandais, on (re)découvre les animaux qui peuplent nos forêts (cerfs, daims, sangliers, etc...) ainsi que d'autres espèces plus protégées comme le bouquetin, le tarpan (cheval préhistorique dessiné dans la grotte de Lascaux, et recréé avec une sélection génétique inversée), le cheval de Przewalski(dernière race encore sauvage en Europe, nous en avions vu en liberté en montant à la Rune, pays Basques) ou encore le bison d'Europe.
Les animaux sont en semi liberté, les prédateurs ont un espace considérable, et les biches, daims, bisons et autre herbivore on tout un vallon à eux seuls. le concept navigue du zoo et safari, avec même des approches pédestres.
Les premiers que nous voyons de près est un redoutable habitant des forêts
La meute de sangliers
Bien contente de les voir de près pour une fois, nous somme à moins d'un mètre !
Loup y es-tu ?
et son cousin de l'Arctique. Ce loup a hanté nos contrées jusqu'à la dernière glaciation de Würm,
il y a 10'000 ans
Qui joue à cache-cache avec nous ?
Le chevreuil
L'auroch
Aussi appelé « bœuf des plaines » ou « bœuf primitif », l'aurochs est l'ancêtre de tous les bovidés.
Autrefois très répandu en Europe, il vivait en plaine et en lisière des forêts.
C'est en 1623 qu'il a disparu de Pologne. Deux zoologistes allemands, les frères Heck ont travaillé à la reconstitution de la race en partant du constat que ce grand bovin primitif manquait à la nature.
des Bambis … De jeunes faons de daims
Le tarpan
Le tarpan est un cheval primitif.
Il serait l’un des 'ancêtres du cheval domestique. Il a été domestiqué voici cinq siècles puis la race s'est éteinte.
Celle-ci a pu être reconstituée grâce à des lignées parentes et des descendants croisés.
Ce cheval sauvage au pelage gris a peuplé toutes les forêts d'Europe.
Résistant, rustique, il ne craint pas le froid.
on remarque les pattes grêles qui permettent la courses et les bonds,
un long cou, une tête moins bien dessinée que chez un cheval de course. Plus haut sur pattes il dois les écarter un peu à la manière d'une girafe pour brouter l'herbe. Ce qui rend son long cou vulnérable pour les prédateurs (loups, dent de sabres, ours, lynx , panthère)
Nous avons trouvé très intéressant de pouvoir observer ces animaux primitifs "reconstitués dans leur lignage"
Nous avons encore vu un lynx, des vautours chauves, des ours, des cigognes, un glouton, un hibou grand duc, un bison d'Europe, et plein d'autres encore que l'on peut voir au Jurassique Parc dans le Jura ou dans les zoo. Comme ils sont dans d'immenses parcelles qu'il se fonde par mimétisme dans le paysage, ce n'est pas simple de les voir et en photo cela ne donne pas grand chose quand bien même nous avions un téléobjectif, mais pas énorme!
Des daims mâles prennent du repos à l'orée de la forêt.
la Less qui irrigue tout le domaine et a creusé de splendides grottes que nous ne visiterons pas
(dénivelé trop important pour nous)
Pour se rendre aux grottes sises sur le même domaine,
on emprunte un petit tram sur 4 km
La fin de la journée se fera chez un ami cher à Sir Plume, qui a acheté la charmante petite gare de Dorine-Durnal et qui habite à 500m.
A toute vapeur, le lendemain, jour du festival du Bocq, objectif n°1 du voyage.
Après une journée totalement consacrée au trains de toutes sortes, nous occupons notre dernier jour sur place par la visite de la dernière Abbaye cistercienne et la visite d'une adorable petite église romane et la visite du musée du tramway vicinal.
Commençons par le début l'église romane de Celle à quelques km de notre location.
Vous devez vous dire que les vacances avec Plume se passent inévitablement à visiter des églises, ce n'est pas entièrement faux, mais j'aime tout autant les paysages d'océan, les rivières et les lacs !
Cette église a une histoire qui est parvenue, au travers des siècles, jusqu'à nous.
Dédiée à St Hadelin (617-690) fondateur de l'évangélisation de la région au 7eme s. Plusieurs bonnes raisons de visiter cette collégiale : c’est une des toutes belles églises romanes primitives du pays. Elle est d’ailleurs répertoriée comme faisant partie du patrimoine majeur de Wallonie.
Le chevet dans un timide rayon de soleil
Cette église à la particularité d'avoir deux cryptes, l'une sous le chœur et l'autre sous la massive tour ouest.
La crypte orientale
Mi-souterraine, elle est voûtée d'arêtes, divisée en trois nefs par quatre piliers et des demi-colonnettes dans les murs. Elle est éclairée par des meurtrières au niveau du cimetière et contient à l'orient un autel assez frustre. C'est là que les pèlerins du XIème venaient faire pénitence.
La crypte occidentale
La voûte d'arêtes est soutenue par quatre piliers qui, en 1595, ont remplacé quatre colonnes hexagonales ottoniennes en marbre, dont on peut encore voir un exemplaire sur le sol. Dans la paroi orientale, on peut voir l'orifice d'une profonde niche dont les dimensions correspondent exactement à la châsse de saint Hadelin. On remarquera le caractère frustre de la maçonnerie au niveau des tourelles. Cette partie est la plus ancienne du monument et le mur nord atteint 1m80 d'épaisseur.
Remontons dans la nef qui abrite un petit trésor qui ne paie pas de mine, le bénitier.
objet "très vibratoire" encore plus que les cryptes, dans mon ressenti.
Pourquoi le corps du bénitier est-il en pierre bleue et le socle en calcaire jaune ?
Les 4 visages sont-ils les symboles des 4 Evangélistes ?
qui sont ces bustes à peine ébauchés ?
Vue sur la nef.
Il serait trop long de vous la détailler dans ces moindre recoins.
Une visite, dépliant en main, s'impose. Signe ésotériques, calvaires très ancien et autres curiosités sont à découvrir sur place.
Nous quittons Celle a regret, le temps nous manque pour visiter le très joli village de Celle, Village classé, tout de pierre gris-bleue et d'une lecture aisée, ici un moulin ou la forge, là, la rue principale avec ses échoppes et ses arcades, le tout fleuris et pimpant.
Aulne
La visite d'Aulne est une aventure. Après l'intimité douce des cryptes de Celle,
la grandeur et la décadence d'aulne forment un contraste saisissant.
D'abord il bruine, voir il pleut des cordes...
Ensuite ce qui nous apparaît comme l'entrée des ruines est en fait l'entrée de la brasserie et de l'hospice. Donc nous cherchons longtemps par où entrer. Quand enfin nous trouvons, après avoir fait les 4/5 du tour du domaine, l'absence de panneaux didactiques clairs, ne nous éclairent pas du tout sur ce que nous sommes en train de regarder. Bien que notre connaissance du monastère cistercien n'ai plus de secret, cette abbaye a été totalement ruinée plusieurs fois et les reconstructions des 15-17-18e siècle, en brouillent la lecture.
Une vue d'avion vous permet d'en saisir les subtilités.
walloniebelgiquetourisme.be
Le cloître primitif devait utiliser les bâtiment en U de l'hospice actuel,
le cloître que l'on distingue au nord de l'abbatiale date du 15e s.
Sur cette photo aérienne, on distingue bien le chœur et ses deux absidioles d'origine romane, mais relevées en gothique. Le chœur à lui seul est haut d'environ 4 étages, c'est immense. La troisième abside est la salle capitulaire au rez et la sacristie, elle comprenait trois étages, moin haute que l'ensemble du transept et du chœur. au chiffre 1 une longe allée desservait bibliothèque, réfectoire du gras et du maigre, infirmerie et plus loin, le logis abbatiale avec latrines privées, eau courante et oratoire (pas sur la photo).
toutes ces ruines sont protégées de barrières et de bandes rouge et blanches qui abîme le peu d'esprit religieux qui subsiste.
Ces ruine ne sont absolument pas vibratoires. rien pas même l'entrée de l'abbatiale ne vous fait sentir que vous êtes dans un lieux sanctifié.
Au contraire la richesse du décor, la hauteur insolente des bâtiments, la brasserie et sa Taverne, l'Hospice, les pillages successifs, les incendies ont réduit à néant le sens du sacré et je peine à entendre le murmure des pierres.
Pierre Russo, la relion industrielle, fayard via google books.
Passons aux photos de ces ruines parfois assez romantiques.
Le chevet haut de 23 m.
Remarquer les belles fenêtres en ogive, dites lancéolées, d'une hauteur impressionnante.
Une ambiance du tonnerre, c'est le cas de le dire, une pluie diluvienne venait de s'abattre sur nous.
Chevet et absidioles.
La cour d'honneur avec à gauche la façade de l'abbatiale très 18e et à droite les vestiges de l'hôtellerie de rang, là où logeaient les invités nobles de l'Abbé.
Le réfectoire du gras
A l'ouest des cellules, se trouvait le réfectoire du Gras, où la communauté se réunissait les jours où la consommation de viande était autorisée.
Deux clés de voûte sises dans le lapidaire au fond de la salle
le taureau ailé représentant Luc.
Luc débute l’évangile dans le temple de Jérusalem, où l’on pratiquait à l’époque les sacrifices. Le taureau est l’animal que l’on sacrifiait.
Ces symboles viendraient de la vision du prophète Ézéchiel où les animaux apparaissent chacun avec 4 faces et 4 ailes : un lion ,un taureau, un homme et un aigle. Ils correspondent aussi aux premières pages de leurs écrits.
Matthieu est représenté avec un ange. Ses premières pages parlent de généalogie et d’ange.
Marc est un prédicateur dans le désert et a pour symbole le lion car la voie qui crie dans le début de ses écrits est le lion.
Jean apparait comme celui qui prend de la hauteur, le spirituel. Au début de son écrit, il parle du verbe, c’est à dire de la Parole, de la Pensée et de la Sagesse. Son symbole est l’aigle.
Aujourd’hui, vous retrouvez ces symboles dans beaucoup d’églises ce qui vous permet de savoir quel évangéliste l’artiste a voulu représenter.
Un christ nimbé, donc ressuscité !
Un traitement post production permet de percevoir le grain de la pierre et la finesse des détails de ces clés. Elle datent du 12e.
La salle capitulaire et son abside recouverte de lierre, à l'étage la sacristie, le transept nord.
La salle capitulaire et une partie du cloître secondaire. Comme à l'abbaye d'Orval, les salles capitulaires ont presque toujours trois baies ouvertes.
Sous un angle différent
Intérieur de la salle capitulaire. Je n'entends plus l'écho de la règle de St Benoît.
le transept nord
Transept sud (le plus emblématique de l'abbaye). Quand nous arrivons par la route, le transept sud se dévoile dans toute sa grandeur et comme presque tout le monde, nous avons d'emblée l'idée que c'est l'entrée de l'abbaye. Ce n'est pas le cas !
la porte donnant sur l'autel et le chœur de l'abbatiale. J'ai du franchir des barrières et me suis faite un peu asticotée par un gardien des lieux qui pensait que je n'avais pas de billet d'entrée…
L'abbatiale ou la décadence d'une abbaye. Décadence dans les décors et la hauteur, outragée par des pillages successifs.
Aulne a été réduite à néant dans son église, dans sa sacralité, dans son économie, dans son rayonnement, dans son esprit cistercien.
Ses ruines racontent son naufrage, tel un Titanic ...
Croisée du transept nord
Petite porte donnant dans le jardin, ou cloître du 15e s. comme elle située dans ce qui devait une sorte de narthex, ce n'est pas une porte des morts.
Voilà donc un aperçu des ruines de l'abbaye. Il y a encore beaucoup de photos, mais je crains de lasser...
Envie de vous promener en toute quiétude dans un cadre prestigieux ? Le site de l’Abbaye d’Aulne est tout approprié !le plan-guide plonge le visiteur dans la riche histoire de l’Abbaye. Un espace de promenade est accessible grâce à l’aménagement du jardin paysager. Pour terminer votre journée de détente, profitez des nombreuses guinguettes et du mini-golf situés à proximité du site.
Changement de décor.
Le musée du tramway vicinal de Thuin
Un tramway vicinal est en Belgique une ligne de tramway (suburbain, interurbain ou rural) ou de chemin de fer secondaire de la Société nationale des chemins de fer vicinaux. Par extension, le terme s'emploie pour l'ensemble des lignes ferrées de la SNCV y compris pour des lignes purement urbaines.
La pluie s'est invitée dans notre visite que ce soit la partie du matin ou celle de l'après-midi, mais le soleil a aussi joué à cache-cache, nous offrant un éventail de lumières différentes.
Musée vivant, les petits tramways ont quelques km de voie à disposition dans le cadre du musée et les villages environnants.
Petit tramway de 1910 restauré dans son état d'origine.
Ambiance belge provinciale pur jus : maisons en brique, rue pavée et bien dégradée
Après la deuxième guerre mondiale, un vent de renouveau a soufflé sur les trams pour contrer la concurrence routière : tramway PCC construit sous licence américaine en 1949.
Trop chou le petit bleu !
Construit en 1918.
En rase campagne, le musée a posé en 2010 des voies de tram
sur une ancienne plateforme dédiée aux trains.
Y circulent des tramways à moteur diesel, apparus dans les années 30.
Afin de ne pas faire un trajet sans pause,
nous avons l'habitude de mettre au programme une ou deux courtes visites.
L'église romane de campagne de Vomécourt sur Madon est la seule romane dans la région.
Petite église de village au décor développé, dont le tympan occidental archaïque sculpté,
est encadré de trois voussures.
D'une lecture pas très évidente au premier abord, j'ai cru reconnaitre les rois mages (l'étoile de leur tableau) qui parlent avec un ange dans l'Evangile selon Matthieu: «Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin».
Il s'agit en fait des femmes portant des aromates et parlant avec l'ange qui leur annonce
la résurrection du Christ.
La lecture du premier tableau est plus évidente :
le combat de deux chevaliers identifiés au bien et au mal. Le lion de Juda qui surplombe le combat,
symbole de la filiation du Christ et de sa victoire sur le Mal
Dans la Genèse, le patriarche Jacob désigne son fils Juda par l’expression gour arieh (jeune lion)
ou encore :
Dans l’Apocalypse : « Ne pleure point ; voici, le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux. »
Dans le cimetière entourant l'église c'est la surenchère de plaques funéraires, comme si il fallait montrer aux vivant qu'ici on se souvient de ses morts...
Toutes les tombes proches du portail étaient pleines de plaques funéraires
( faut pas faire moins que le voisin )
Second arrêt vers une église vibratoire et emblématique du Corbusier
Ronchamp
À noter que, pour la conception de cette œuvre, Le Corbusier s'est inspiré de l'architecture de la mosquée de Sidi Brahim, située à El Atteuf, dans le Mzab en Algérie
Ronchamp est grignotée par le temps et se fissure un peu partout.
A gauche le mur de Lumière, à droite le chœur de pèlerinage avec chaire extérieure utilisée le 15 août.
sa blancheur primitive s'est une ternie au fil du temps
Vue sur la chapelle extérieure
Suivez moi à l'intérieur,
Le mur de lumière.
Le toit est comme porté par la lumière et ce mur inonde d'une douce pénombre
propice au recueillement
Détails des vitraux
(enfin, ceux que j'ai pu faire, n'ayant pas d'échelle)
La Nature s'invite à l'intérieur, s'incarne en Marie
Enfin, les chapelles intérieures bénéficient d'une lumière indirecte, puisée au nord pour la chapelle sud et à l'est pour la chapelle ouest.
Les puits de lumière "invisibles" qui illuminent deux oratoires situés de chaque côté de la porte.
Théologie de la lumière qui vient du Ciel et repousse les Ténèbres.
Rouge sang, pulsation de la Vie
On distingue mieux le vitrail situé en hauteur
et le béton projeté sur les mur blanc cassé
En situation, un lieu qui invite à la méditation et je médite…
Ronchamp mérite une visite approfondie, nous y somme restés un peu plus d'une heure sans lecture préalable des intentions du Corbusier, laissant ce sculpteur de lumière nous transmettre son interprétation (toute protestante pour une chapelle catholique, qui emprunte à une mosquée…) du divin, de l'œcuménisme, de la symbolique des couleurs, et de l'Invisible.
Rondchamp n'est pas qu'une chapelle, il y a encore, fondu dans le paysage,dessinées par le Corbusier, mobilier compris, la maison du chapelain et celle des pèlerins, couleurs et formes, astuce des fenêtres qui se calent sur un décrochement du toit engazonné, pour faire circuler la lumière du sud jusqu'au fond la maison.
En toute discrétion, un monastère de clarisses sur plusieurs niveaux est caché dans la pente de la colline.
Un monastère du XXIème siècle, qui a vu le jour en 2011, voulu par une petite communauté de clarisses.
Histoire d’une rencontre entre l’architecte Renzo Piano, les clarisses et un lieu unique: la colline de Ronchamp et la chapelle Notre-Dame-du-Haut construite par Le Corbusier. (www.clarisses-a-ronchamp.f)
cellule monacale
photos de google
La chapelle plus intime, nettement moins visitée que la chapelle du haut, procure un sentiment infini de paix et de douceur. L'alliance de l'orange vibrant dans la lumière de fin d'après-midi et du béton brut, la voûte du choeur, la simplicité des formes, du bois d'olivier et du hêtre, son crucifix qui associe une tête du 15e s à une sculpture toute pétrie d'humanité souffrante, ses dimensions humaines en font un lieux d'exception.
J'y suis restée plus de 40 minutes en prière et Sir Plume est venu me chercher...
et parce que c'est bien dans l'esprit de cette fin de voyage,
les colombes d'Orval pour se quitter.