L'agonie est ce moment peu avant le décès qui demande un accompagnement spécifique. La personne est encore parmi les vivants, on s'occupe d'elle et en même temps la vie continue autour d'elle, les chants d'oiseaux dans les arbres, le bruits des voitures autour de la maison, les allées et venues des uns et des autres, les irruptions dans sa chambre du personnel infirmier, des proches, les petits bruits et les conversations se font autour d'elle, qui est comme rattachée encore par des fils invisibles et ténus à cette vie qui ne s'arrête jamais et qu'on quitte une fois tous les fils coupés.
En même temps, cette personne a besoin d'intimité, de solitude partagée, pour avancer dans ce processus de détachement.
Alors comment concilier les deux ? Quel parti prendre ?
Etre présent dans le geste doux et réconfortant, silencieux. On exclu les bruits intempestifs, on gère au mieux la vie qui ruisselle autour de la chambre et le temps se suspends doucement dans les respirations de plus en plus faibles. C'est le moment le plus intense, tout comme pour une naissance, tout en émotion et en travail invisible, ce n'est plus le temps des paroles, mais de la musique du souffle partagé, de la chaleur d'une main ferme sur l'autre si transparente.
Pour celles et ceux qui ont le privilège d'accompagner un mourrant dans ce lent détachement, ce détricotage de la vie, c'est le temps des souvenirs qui s'amorce.
Prendre de quoi dessiner ou écrire ses pensées du moments dans les temps de somnolence, prendre le temps de s'hydrater et moduler son énergie (dormir se promener et respirer profondément) c'est le travail du proche dans cet accompagnement.
Il y a trois intimités à respecter, celui du patient, des proches, et de l'équipe de soins. Chacun la gère de son mieux et à sa manière. Il n'y a pas une seule bonne manière d'accompagner un mourant et de vivre ce temps si particulier.
Gardez la malicieuse jeunesse qui court les yeux émerveillés au-devant du monde et qui de tout, de la fleur comme du jardin, d’une miette comme de tout le festin, de peu, de rien, comme de beaucoup, tire la même joie. »