Les aventures de Plumebleue

Les aventures de Plumebleue

Imminence ou pas ?

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Je viens de vivre une drôle de situation. 
 Ok Petite bm est en fin de vie. Elle ne s'alimente plus depuis environ 4 jours et ne bois plus rien. Son cerveau ne lui indique plus qu'elle a soif ou faim. On lui fait des soins de confort et on humidifie sa bouche très régulièrement toutes les deux heures. 
On nous annonce que Bm entre en agonie, je décide donc de la veiller. Une maman qui a donné tant d'elle-même dans sa vie, dans les soins et l'amour inconditionnel, a gagné le droit d'être accompagnée et entourée d'amour et de tendresse dans ces dernières heures, et ce, sans compter. C'est mon point de vue.
Je m'installe avec carnet de coloriage, lecture et téléphone auprès d'elle. Non sans avoir discuter avec l'équipe afin qu'elle reçoive un puissant anti-douleur qui va l'aider à glisser dans un sommeil très profond pouvant entraîner la mort en phase finale, mais dont elle peut ressortir en cas d'arrêt sur trois jours. Nous laissons le processus de mort se faire.
Au bout de quelques heures, je ne vois pas la détérioration de son état avancer et commence à me dire qu'elle tient sacrément bien le coup et que si  cela se trouve elle va décéder au cours de la deuxième partie de nuit … 
Il est environ 16h. Je suis là depuis 10h le matin. 
 Vers 22h, je prends lentement conscience qu'elle n'agonise pas, mais qu'elle dort et fait de sacrées apnées du sommeil.  Et d'un coup, tout s'aligne dans mon ressenti. Je vérifie pieds mains, sensibilité. Tout est OK pieds et mains roses, sensibilité présente, conscience altérée certes, son sommeil est très profond, mais enfin on est loin des signes cliniques habituels, froidure et cyanose des extrémités, marbrure des genoux et/ou des cuisses, narines palpitantes et râles. Je décide qu'elle passera la nuit et même la journée d'aujourd'hui. Il faudra encore bien des heures pour qu'elle décompense. 
Pourquoi me suis-je appuyée mentalement sur ce que l'on me disait, - on ne sait pas trop, mais c'est une question d'heures, plus de jours et probablement qu'elle ne passera pas la nuit. 
Parce que je ne travaille plus, parce que les écoles de soins ont changés, on ne fait plus les même soins et je me sens vaguement dépassée, un peu comme avec Pucinette. Capable de m'adapter, mais je mesure à chaque garde comme le temps à passé  au manières de faires si différentes et toutes aussi fondées.  (Ce serait très amusant de voir LF aujourd'hui   ),
 A nouveau surprise de voir que lorsqu'une personne devient inconsciente ( comma, sommeil très profond, inconscience) on se comporte avec elle comme si elle avait récupérer toutes ses facultés de cognition et de raisonnement par cet état. On lui parle, pose des questions qu'elle ne comprenait pas peu avant son état de conscience modifié. Comme si la démence disparaissait de son cerveau et que c'était une personne en pleine possession de ses moyens mentaux. C'est dire combien il y a une résistance dans le personnel des soins, on est dans une communication "normale" alors que peu avant on était dans une communication bienveillante et surtout adaptée.
J'avais déjà remarqué cela lors de mes veilles auprès de personnes mourantes. C'est un peu comme si on voulait retrouver la personne avant son état de démence, comme si on voulait effacer cette maladie et cette dégénérescence.
Ce n'est pas pertinent: par quelle magie les connexions mentales seraient-elles restaurées, les destructions cérébrales ressuscitées ?  Certes, en état de survie le cerveau est en mesure de rétablir des connexions défaillantes mais très peu de temps de l'ordre de quelques minutes, environ une dizaine…  c'est une information que tout soignant formé en gériatrie reçoit et qui (j'ai vérifié) est toujours enseigné ! 
Mais rien à faire, c'est la pente mentale que tous soignants adoptent inconsciemment, probablement pour se protéger de l'émotion cataclysmique et très envahissante de la présence de la mort.
Bon j'y retourne un moment, mais pas la journée  
Gardez la malicieuse jeunesse qui court les yeux émerveillés au-devant du monde et qui de tout, de la fleur comme du jardin, d’une miette comme de tout le festin, de peu, de rien, comme de beaucoup, tire la même joie. »
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