Nous fêtons son anniversaire, la fête de l'été et Noël.
Au début, à son arrivée à l'EMS, elle donnait des signes d'anxiété et tapait le père Noël qui lui remettait, non pas un quelconque cadeau, mais un joli cadeau personnalisé en fonction de ses intérêts ou de son histoire.
Petit à petit nous sommes restés plus longtemps, notre présence l'apaise et elle se laisse aller à la gaieté. J'aime la voir heureuse, pétillante, et je ne dois heureusement pas me forcer pour y aller. Après tout, la fête fait partie de la vie. Je me mets à sa place et j'essaie de faire au mieux.
Je vois tout à fait de quoi tu parles. Quand mes enfants étaient petit j'ai travaillé à 60 % pendant 3 ans.
Je détestais !
Cela n'a rien à voir avec la maturité, mais il me semblais que je m'engluais entre les soins aux tout petits et les mêmes soins aux personnes âgées. Il y avait comme un télescopage de sensations, de sentiment d'inutilité dont je n'arrivais pas à me défaire : quel était le sens de la vie si ce que l'on fait si tôt dans la vie de ses propres enfants, il faut le refaire à la fin pour ses parents ?
J'ai été une bonne professionnelles des soins aux personnes âgées, mais c'est bien plus épanouissant pour moi de le faire pour elle.
Les sentiments d'affection n'y sont pas pour rien, j'ai un profond respect pour sa personne. Elle a été une maman, elle s'est levée la nuit pour son fils quand il était malade, à fait son job de maman du mieux qu'elle pouvait et pour cela, je suis fière de lui faire une vie aussi belle que possible.
Mon seul regret est de ne pas avoir eu la possibilité de le faire pour ma maman qui refusait tout , absolument tout, espèce de prévenance de ma part.
Dans quelques mois petite BM aura 100 ans. Elle est encore coquette, reconnaissante, joyeuse, arrive à profiter de ce que la vie lui laisse. Elle m'enseigne beaucoup !
Il y a eu des phases où je lui ai aussi donner à manger ;) et ce dernier Noël, j'ai nourris notre voisine de table qui n'avait personne ce jour là. J'aurais pu me concentrer uniquement sur ma BM et laisser le personnel faire son travail. Mais en incluant cette dame dans notre petit groupe, j'ai fait plaisir à plusieurs personnes: le personnel un peu débordé- servir une centaine de repas n'est pas simple. La grand maman en question qui a mangé bien plus que d'habitude, petite BM qui avait par moment son fils pour elle seule.
Je sais combien la maladie, la dégénérescence peuvent changer quelqu'un. Ce n'est pas toujours agréable d'accompagner ses parents dans cette ultime étape de vie. Tu a certainement éclairé de tendresse ta maman, même si elle n'était pas forcément en mesure de te le faire savoir.
Gardez la malicieuse jeunesse qui court les yeux émerveillés au-devant du monde et qui de tout, de la fleur comme du jardin, d’une miette comme de tout le festin, de peu, de rien, comme de beaucoup, tire la même joie. »