Les aventures de Plumebleue

Les aventures de Plumebleue

A l'opéra

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Tous les matins, depuis dimanche, je suis à l'opéra de 7h35 à 8h environ.

Je suis dans une loge en hauteur, pas très loin de la scène.
Cela commence par le brouhaha des voitures qui passent dans le village accompagné de petits bruits de voix des enfants se rendant à l'école. Derrière moi, la radio joue en sourdine une pièce de Mozart ou de Beethoven...
Le rideau bleu nuit est encore opaque.
Pour demander le silence, l'orchestre joue une seule note vibrante, rouge écarlate, elle ne dure pas très longtemps et s'éteint, mais le bleu sombre de la nuit n'est déjà plus pareil. Les étoiles piquantes se sont éteintes dans un bel ensemble face au lac. L'orchestre joue en sourdine et le rideau s'ouvre sur la rampe des montagnes soulignées de rose, de violet, d'indigo, de carmin qui de trente seconde en minute virent au jaune d'or et au bleu tendre comme un frisson. L'orchestre joue crescendo et motlo forte. Puis, dans un éclat presque saturé, c'est l'explosion des couleurs qui éclaboussent jusqu'au Mont Blanc.
De ma loge, enveloppée  dans un cardigan moelleux sur ma chemise de nuit, ma tasse de café refroidissant à la main, j'essaie de deviner dans quelle combe secrète ou derrière quelle aiguille de pierre, le tout  premier rayon de la super star apparaîtra. Cela change tout les jours et bien que je sache où regarder, ma surprise est toujours nouvelle.  
Dans un concert de lumière, le soleil sort des coulisses. Il s'agite un peu, bordant la rampe de montagne d'or vibrant, il joue les effarouché, ne se montrant que par petit bout avant de venir sur le devant de la scène laissant dans l'ombre le lac et son écharpe de Brume. Il n'y a plus que lui et son assourdissant chant de lumière m'oblige à fermer les yeux !
L'opéra touche à sa fin. Les couleurs ont blanchi, l'azur du ciel est dilué de brume et de nuages, les jaunes s'enfuient jusqu'à demain... 
Dans la salle les gens se lèvent, un coup de sifflet du BAM souligne la fin de cet opéra de couleurs. 
 Je frissonne et me dépêche de refermer la fenêtre. Le quotidien reprends ses droits après cet opéra sans cesse différent, qui change son affiche en fonction de la météo et retarde son ouverture de quelques minutes chaque jour. 





Le Mont-Blanc... depuis la première loge de mon salon. 


Gardez la malicieuse jeunesse qui court les yeux émerveillés au-devant du monde et qui de tout, de la fleur comme du jardin, d’une miette comme de tout le festin, de peu, de rien, comme de beaucoup, tire la même joie. »

380 appréciations
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Très beau texte! Tu sais mettre en mots tes émotions artistiques :sympa: Bravo
Dans chaque vieux il y a un jeune qui se demande ce qui s'est passé (Groucho Marx)
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