Pour apporter de l'eau au moulin de Mona qui pense que j'ai besoin de me faire valoir, d'avoir une reconnaissance sociale. ;)
Aujourd'hui nous allons faire les courses à Morges. En descendant vers le gymnase de Marcelin, nous voyons des moutons dans les vignes. C'est joli des moutons dans les vignes.
Cet après-midi nous partons marcher sur le sentier du lac à St-Sulpice, douceur et beau temps attirent maint et maints promeneurs et promeneuses. Au bout du sentier juste avant de remonter vers l'église, il y a un banc. Nous nous posons pour admirer le panorama et .... un berger ...avec son chien, sans ses moutons, en rade au bord du lac.
Il a soigné son look: barbe blanche jusque sur la poitrine, regard bleu piscine, chapeau de feutre noir à larges bords décoré d'une plume de faisan, chandail de jacard bordeau et pantalons de travail. Il joue sans conviction avec un chien soigneusement dressé qui part ramener sa baballe et retourne exactement à un endroit défini.
Je reconnais le stress dans son langage non verbal, il doit avoir un gros problème. Il parle à son chien sur un ton de détresse et a la tête basse, le dos vouté assis sur son muret. Je reconnais tellement cette attitude pour l'avoir si souvent vue, elle me brise le coeur.
Nous reprenons notre balade et je reviens sur mes pas
- excusez-moi puis-je vous aider ?
- heu... pourquoi ?
- il me semble que vous avez un problème avec le chien
- Vous savez le salaire d'un moutonnier n'est pas bien haut et là j'ai un troupeau à Morges et je ne serai payé que dans 4 jours. Je devais faire une transhumance, mais tout à foiré.
- attendez
Je cours derrière mon homme ouvre le portemonnaie et prend la totalité de ce qui s'y trouve en billet, pas grand chose vu que la plus part des achats se font avec des cartes, et le lui ramène.
- tenez, ce n'est pas beaucoup, mais au moins vous pourrez manger et donner sa pitance à votre chien. Je vous propose de venir avec nous à Pampigny avec le chien, une bonne nuit au chaud, avec une salle de bain un repas chaud ce soir et le petit dejeuner demain matin, cela vous tente ?
Son regard se mouille.
- Vous êtes bien bonne, ici personne ne me regarde ou ne m'adresse la parole, c'est pourtant friqué ! Pas même une pièce de 5 francs. Mais pour ce soir non. Merci baucoup de votre générosité, mais non.
- prenez soin de vous et de votre ami à 4 pattes.
Au-revoir.
Gardez la malicieuse jeunesse qui court les yeux émerveillés au-devant du monde et qui de tout, de la fleur comme du jardin, d’une miette comme de tout le festin, de peu, de rien, comme de beaucoup, tire la même joie. »